10 décembre 2024

Est-il permis à des parents de bénir leurs enfants par le texte de la Birkat Cohanim

Est-il permis à des parents de bénir leurs enfants par le texte de la Birkatt Cohanim (« Yevaréh’éh’a Hachem Véyichméréh’a »…), ou bien y a-t-il un interdit à cela en raison du fait que ce texte est propre uniquement à la Birkatt Cohanim ?

Il est enseigné dans la Guémara Kétoubott (24b) : Tout homme du peuple d’Israël qui n’est pas Cohen, qui élève ses mains en récitant la Birkatt Cohanim (« Yevaréh’éh’a Hachem Véyichméréh’a »…), transgresse un interdit de la Torah, car il est dit au sujet de la Birkatt Cohanim : « Ainsi vous bénirez les enfants d’Israël ».

Le terme « Vous » s’adresse aux Cohanim uniquement et non à ceux qui ne le sont pas.

Cela signifie que seuls les Cohanim sont autorisés à bénir, mais il est interdit aux autres juifs qui ne sont pas Cohanim de réciter cette bénédiction, au même titre qu’ils n’ont pas le droit de réaliser les autres cultes effectués dans le Temple.

Selon cela, il semble qu’il faut formellement interdire de bénir en employant le texte de la Birkatt Cohanim, tant que celui qui bénit n’est pas Cohen.

Cependant, il est enseigné dans la Guémara Chabbat (118b)

Rabi Yossé rapporte que lorsque son ami Cohen lui demandait de monter avec lui à l’estrade lors de la Birkatt Cohanim, il ne refusait pas et il montait avec lui.

Il semble apparemment que Rabbi Yossé récitait la Birkatt Cohanim bien qu’il n’était pas Cohen, et cette attitude contredit ce que nous avons appris de la Guémara Kétoubott citée précédemment.

En réalité, cette remarque a déjà été émise par les grands décisionnaires, et voici l’explication proposée par l’auteur du Sefer Ha-Echkol :

En réalité, Rabbi Yossé ne récitait absolument pas la Birkatt Cohanim, mais se contentait simplement de monter à l’estrade et gardait le silence pendant que son ami Cohen récitait la Birkatt Cohanim. Par conséquent, il n’y a donc plus de contradiction entre les deux Guémarott mentionnées plus haut. Selon tous les avis, il est donc interdit à quiconque n’est pas Cohen de bénir Israël en employant le texte de la Birkatt Cohanim qui appartient exclusivement aux Cohanim.

D’autres décisionnaires – comme le Gaon auteur du Kétav Sofer dans une Téchouva, ou le Gaon auteur du Kaf Ha-H’aïm – proposent une autre explication :

L’interdiction de bénir en employant le texte de la Birkatt Cohanim n’existe que lorsque celui qui bénit pense accomplir la Mitsva de bénir Israël comme les Cohanim en ont reçu l’ordre. Mais lorsque la personne ne pense absolument pas à cette Mitsva et ne fait qu’emprunter ce texte pour bénir son prochain, il n’y a pas le moindre interdit.

Nous apprenons de leurs propos qu’il n’est interdit de bénir en employant le texte de la Birkatt Cohanim que lorsque celui qui bénit pense s’octroyer la Mitsva de Birkatt Cohanim qui a été donnée exclusivement aux enfants d’Aharon Ha-Cohen. Mais lorsqu’on a seulement l’intention de bénir son ami, et que l’on emprunte simplement ce texte mentionné dans la Torah dans la Birkatt Cohanim, il n’y a absolument pas le moindre interdit.

C’est pour cela que notre grand maître le Rav Chlita tranche qu’il n’y a pas la moindre crainte d’interdiction lorsque des parents bénissent leurs enfants en employant le texte de la Birkatt Cohanim.

C’est ainsi qu’ont agi de nombreux grands Rabbanim et Tsaddikim de toutes les générations, en utilisant le texte de la Birkatt Cohanim sans craindre le moindre interdit sur ce point.

Mais il est certains qu’il est strictement interdit à tout homme d’Israël de monter à l’estrade et de bénir en employant le texte de la Birkatt Cohanim lors de la répétition de la ‘Amida, car la Birkatt Cohanim récitée à l’estrade n’est propre qu’aux Cohanim qui sont les descendants d’Aharon Ha-Cohen, et non au reste d’Israël.

Dans la prochaine Halah’a, nous parlerons encore – avec l’aide d’Hachem – de ce sujet.