Cette semaine je traiterai dâun sujet trĂšs dĂ©licat et assez difficile, qui nâest pas directement liĂ© avec notre bulletin mais qui reste malheureusement dâactualitĂ© en Erets. Il sâagit du regard de la Tora sur le rachat des captifs. Mon Ă©tude reste trĂšs sommaire, donc il ne sâagit pas de prendre au pied de la lettre ce dĂ©veloppement, toutefois, cela donnera Ă mes lecteurs une idĂ©e sur le vaste sujet. JâespĂšre profondĂ©ment que par le mĂ©rite de notre approfondissement, tous nos dĂ©tenus de Gaza retrouveront le chemin de la libertĂ© tant espĂ©rĂ©e et que nos soldats reviendront sains et saufs dans leurs maisons.
Le SĂ©fer Ahavat Hessed, dans son introduction, enseigne que la Tora est remplie de Mitsvoth de âHessed (gĂ©nĂ©rositĂ©). Seulement il existe parmi tous ces commandements la Mitsva de Pidion ChevouĂŻm (rachat des captifs). La Guemara dans Baba Bathra (8) enseigne dâaprĂšs le verset que le rachat des captifs et la plus grande Mitsva qui existe dans ce domaine. Par exemple, si la communautĂ© a rĂ©coltĂ© des fonds pour lâaide aux pauvres ou une autre bonne Ćuvre, et que se prĂ©sente cette Mitsva du rachat des captifs, les responsables communautaires devront rĂ©orienter les fonds pour les dĂ©livrer. Donc il sâagit dâun commandement qui incombe Ă tout Ă chacun de faire le maximum pour libĂ©rer les prisonniers lorsquâils ne sont coupables dâaucun dĂ©lit. Câest la plus grande des Tsedakoth qui puisse exister. Si on nâa pas le choix, on devra mĂȘme vendre le SĂ©fer Thora de la communautĂ© pour racheter le captif. Le Choulâhan âAroukh (YorĂ© DĂ©âa 252,2) stipule que celui qui a la possibilitĂ© de libĂ©rer un otage et sâen empĂȘche pour une raison ou une autre, transgresse un interdit de la Tora : « Lo taâamod âal dam réékha / ne sois pas insensible au sang versĂ© de ton ami » en plus dâautres Mitsvoth. Donc, si parmi mes nombreux lecteurs de la fameuse « Table du Chabbath » il se trouvait des gens qui ont le bras long jusquâau Qatar, voir mĂȘme Gaza ou, plus proche de nous, auprĂšs du recteur de la grande MosquĂ©e de Paris alors il faudra aussitĂŽt lever le combinĂ© tĂ©lĂ©phonique et se mettre au travail au plus vite. Cependant, lisez jusquâĂ la fin mon dĂ©veloppementâŠ
Seulement cette Mitsva du rachat est bien connue des sources talmudiques. La Guemara dans Guitin (45.) conditionne cette action de libĂ©ration au fait quâon ne dĂ©passe pas un seuil : la valeur marchande des captifs. En effet, Ă une Ă©poque reculĂ©e, les pratiques barbares existaient dĂ©jĂ , les gazouis nâont rien inventĂ©, et peut-ĂȘtre que câĂ©tait dĂ©jĂ leurs ancĂȘtres⊠qui sait ? Et frĂ©quemment des groupes de fanatiques enlevaient des paisibles touristes qui passaient des moments inoubliables auprĂšs dâun oasis du dĂ©sert. Semble-t-il quâil y avait dĂ©jĂ le Club Med en version cacher⊠(Ndlr : « nommer ces terroristes par le mot « fanatique » câest une aimable claque donnĂ©e Ă tous les courants libĂ©raux de la communautĂ© qui ont traitĂ©s durant des dizaines dâannĂ©es la communautĂ© juive orthodoxe par ce mĂȘme mot « fanatique »!? Or, de nos jours, se dĂ©voile au grand jour la vĂ©ritable nature de toutes ces peuplades qui prĂŽnent la destruction et la mort ainsi que leurs innombrables disciples qui brandissent le mĂȘme brassard du fanatisme cruel et dangereux qui, sans le dire ouvertement, est une rĂ©miniscence de lâAllemagne nazie, avec pour diffĂ©rence quâils agissent ouvertement sans se cacher et en filmant et diffusant leurs crimes en temps rĂ©el dans le monde entier. Donc, je pose cette vĂ©ritable question Ă mes lecteurs Ă savoir qui sont les vĂ©ritables fanatiques de la planĂšte : les hommes de BenĂ© Brak / JĂ©rusalem ou les allumĂ©s de Gaza et du Sud Liban en passant par les gauchistes de Paris qui dĂ©filent Ă lâunisson avec des Ă©tendards appelant au meurtre ? Fin de lâapartĂ©.)

Mais revenons Ă notre dĂ©veloppement. La Guemara enseigne donc quâon ne pouvait pas dĂ©passer la valeur des hommes. Deux raisons sont Ă©voquĂ©es. La premiĂšre, afin de ne pas appauvrir la communautĂ© car Ă lâĂ©poque, il nâexistait pas dâorganisme social qui offrait un salaire minimum, la deuxiĂšme, par crainte que les bandits nâen viennent Ă se spĂ©cialiser dans le domaine du kidnapping lucratif notamment lorsque câest un proche parent qui paye la rançon. DâaprĂšs cette raison, on pourra le laisser payer la rançon (il nây a pas dâappauvrissement de la communautĂ©), mais dâaprĂšs la deuxiĂšme raison, ce sera prohibĂ©). Un autre enseignement (dans Ketouvoth 51) existe au sujet de lâobligation du mari de racheter sa femme prisonniĂšre. En cas de kidnapping, câest une des obligations inscrites dans la Ketouba (acte de mariage) de racheter sa femme. Est-ce que le mari devra dĂ©penser plus que sa valeur (ndlr : câest sĂ»r que nos Ă©pouses nâont pas de prix, nâest-ce pas ?).
Un premier avis considĂšre que cela fait partie des obligations du mariage donc le mari, devra racheter sa femme Ă nâimporte quel prix (en fonction de ses capacitĂ©s). DâaprĂšs un second avis, rabban Gamliel, lâobligation inscrite dans la Ketouba est identique au cas classique qui prĂ©cise que lâon ne devra pas dĂ©passer la valeur commune.
Le Tour tranche comme le Roch : un homme pourra dĂ©passer de beaucoup la valeur commune de sa femme car « ichto kegoufo » son Ă©pouse est considĂ©rĂ©e comme son propre corps. Or, par rapport Ă soi-mĂȘme, on peut dĂ©penser toute sa fortune pour se libĂ©rer. Le Choulâhan âAroukh (Even Hazer 78.2) tranche comme lâavis de rabban Gamliel tandis que le Rama comme le Tour.

Comment dĂ©finir la valeur dâune personne ?
A une Ă©poque reculĂ©e il existait le marchĂ© aux esclaves et suivant les capacitĂ©s du serviteur (physiques et intellectuelles) on fixait un prix. Cependant, de nos jours puisquâil nâen existe plus, certains dĂ©cisionnaires considĂšrent que tout dĂ©pend des circonstances (capacitĂ© financiĂšre et autres) (PitâhĂ© Techouva 242,5).
Il existe une autre Guemara intĂ©ressante (Guitin 58) au sujet dâun enfant qui Ă©tait captif Ă Rome. Rabbi Yehouchouaâ lâa su et a dit : « Je paierais tout lâargent du monde pour le dĂ©livrer ». Tossafoth sâĂ©tonne : « Nous savons le principe quâon ne peut pas racheter les captifs au de-lĂ de leur valeur, donc comment rabbi Yehochoua se permet de payer une trĂšs forte rançon ? »
RĂ©ponse : le cas est diffĂ©rent car il y avait un danger de mort qui pesait sur lâenfant.
Cet enfant Ă©tait particuliĂšrement intelligent et rav Yehochoua savait quâil deviendrait un grand rav. DâaprĂšs la premiĂšre rĂ©ponse de Tossafoth, dans le cas oĂč il y a danger de mort, on nâappliquera pas le principe de ne pas racheter le captif plus que sa valeur.
Au niveau des grands Poskim, le Rambam tranche que dans tous les cas on ne devra pas payer une rançon plus que la valeur. Dâautres dĂ©cisionnaires plus tardifs permettent de payer une plus forte rançon (Yam chel Chelomo 3, 66/72).
Dans le cas oĂč lâon doit libĂ©rer des terroristes dans la transaction, est-ce que le cas sera similaire ?
La Guemara dans SanhĂ©drin (73) nous apprend quâun homme doit tout faire pour sauver son prochain dâun danger certain. On lâapprend du verset de la sainte Tora : « Tu ne seras pas insensible au sang versĂ© de ton prochain ». Le Talmud de JĂ©rusalem considĂšre quâon devra aller jusquâĂ se mettre en danger pour sauver son frĂšre. Cependant, le Beth Yossef (âH. M. 426) ne tranche pas comme ce dernier avis. Au final, on ne devra pas se mettre en danger pour accomplir cette Mitsva de sauvetage. Les Posskim de notre Ă©poque (Chevet HalĂ©vy H. 8 .87) rajoutent que dans le cas oĂč il existe une faible probabilitĂ© de danger, on devra accomplir le sauvetage. Dâautre part, dans une autre responsa, il Ă©crit quâon ne devra pas prendre en compte le danger futur lorsque la vie des otages est en jeu.
Un autre point est Ă mettre dans la balance : lorsquâil sâagit dâune guerre. Il est dans les prĂ©rogatives dâun Ă©tat dâentrer en guerre avec son voisinage pour des raisons tactiques et de gestion du pays et par consĂ©quent de mettre sa population en danger. Si la libĂ©ration des otages entraĂźne des perturbations dans lâaccomplissement de la guerre, par exemple que la rançon renforce les ennemis, lâEtat nâest pas tenu de sauver ses dĂ©tenus (dâaprĂšs le Minâhath âHinoukh sur la Mitsva 425 et 604 ; H. Sofer H. M. 44 ; Netsiv HaâĂ©mek Davar BerĂ©chith 9,5).
En 1970 des avions ont Ă©tĂ© dĂ©tournĂ©s vers la Jordanie. Parmi les passagers se trouvait rav Hutner Zatsal, un grand rav dâAmĂ©rique avec sa famille. Ses Ă©lĂšves ont voulu rĂ©unir de lâargent et faire des tractations avec les terroristes pour sauver le rav et sa famille. La sommitĂ© de Tora aux USA, rav Yaâakov Kaminietski (Ă ne pas confondre avec le rav âHaim Kanievski de BenĂ© Brak) avait repoussĂ© lâoffre des Ă©lĂšves du rav Hunter en expliquant quâĂ pareille Ă©poque la situation Ă©tait celle dâune guerre et quâil ne fallait pas perturber le cours des chosesâŠ
Rav David GOLD

                                              
                                              
                                              
                                              
                                              
                
                  
                  
                  
                  
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