26 avril 2024

Wort sur la Paracha de Vayéra

«Il vit trois hommes se tenant face à lui. Il vit et courut à leur rencontre» (18, 2)

Que vient nous apprendre la répétition du mot : «aperçut » ? Le Rav Chakh Zatsal nous enseigne, qu’elle vient nous apprendre, que pour accéder au niveau de bonté et de solidarité requis par la Torah, il faut s’efforcer d’apercevoir, de percevoir les besoins de l’autre. Il faut regarder une personne afin de lui témoigner de la considération et du respect (ex : en lui adressant un regard bienveillant). Cela va réveiller en nous des sentiments positifs à son égard, et l’autre reçoit notre message : Je suis regardé par autrui, c’est donc que j’existe, que je suis une personne de valeur. Combien cela peut faire du bien, réchauffer notre prochain. Il faut également regarder une personne afin de pouvoir déceler ses véritables besoins du moment (une écoute, de la considération, à manger, …). Je regarde autrui car j’ai envie de sortir de mon système de penser, pour comprendre celui de mon prochain. Je n’agis pas pour me donner bonne conscience, mais afin d’être utile, d’agir pleinement pour le bien d’autrui .La Torah souligne par deux fois le mot « vit » pour mettre l’accent sur le sens profond de la bonté, trait qu’Avraham a particulièrement développé.

« Ils lui dirent : “Où est Sarah, ta femme ?” Il répondit : “Elle est dans la tente.” » (Béréchit 18, 9)

De cette réplique d’Avraham, Rachi déduit la pudeur de Sarah. Le Pardès Yossef demande en quoi le fait qu’elle se trouvait dans la tente prouve sa pudeur, alors qu’en ce jour-là, il faisait extrêmement chaud et personne ne sortait donc de chez soi. Rav Réouven Karlinstein Zatsal explique que, si elle était dans la tente et que les anges ne la virent pas, c’était la preuve qu’elle était pudique, puisqu’elle se cachait chez elle dès l’apparition d’étrangers. (Yé’hi Réouven)

«Je ne suis que poussière et cendre» (Béréchit  18,27)

La poussière de la terre n’a pas de valeur particulière en ce qui concerne le passé, mais pour l’avenir, elle a une grande importance, car après le labourage et les semis, la terre peut produire des fruits et des plantes. En revanche, la cendre n’a aucune importance en ce qui concerne l’avenir car

elle ne peut rien faire pousser, mais elle a son importance étant donné qu’autrefois elle était un objet utile. Avraham était si humble qu’il ne considérait avoir aucune qualité : ni dans le passé, ni à l’avenir, comme la poussière et la cendre ensemble. Nos Sages disent que c’est pour cela qu’il a mérité la « poussière de la femme sota » et la « cendre de la vache rousse ». Etant donné qu’il s’est abaissé comme « la poussière » qui n’a pas d’importance par son passé, il a mérité la Mitsva de la « poussière de la femme Sota », qui permet de vérifier si la femme a fauté dans le passé. Et comme il s’est abaissé comme la « cendre », qui n’a pas d’importance pour l’avenir, il a mérité la Mitsva de « poussière de la vache rousse », qui permet de purifier les personnes impures et qui influence donc leur avenir. (Maayane chel Torah)

«Il (Avraham) implanta une auberge à Beer Chéva» (Béréchit  21,33)

Le terme : auberge, qui se dit « éshel/אשל» , forme les initiales des trois mots : manger (a’hila/אכילה ), boire (chtiya/שתיה) , et raccompagner (lévaya/לויה), qui sont les trois marques d’attention fondamentales qu’un hôte doit assurer à ses invités. Avraham recevait les passants, leur donnait à manger, à boire, et il les raccompagnait. Ces trois actes se devaient d’être une réparation pour trois fautes commises avant lui. Par le fait de donner à manger, il voulait réparer la faute d’Adam, qui a fauté en mangeant de l’arbre de la connaissance. En leur donnant à boire, il voulait réparer la faute de Noah qui, en sortant de l’arche, planta une vigne et se mit à boire. Enfin, en raccompagnant ses invités, il voulait contrebalancer la perversion des habitants de Sodome qui interdirent de recevoir des invités. (Gaon de Vilna)