
Les sujets principaux de la Paracha sont la Sotah et le Nazir et sont liĂ©s : celui qui voit une femme infidĂšle dans sa dĂ©gradation, devra se retrancher des tentations en devenant Nazir et en sâabstenant de boire du vin. Le vin reprĂ©sentant les plaisirs de ce monde et la frivolitĂ© pouvant entrainer des comportements prohibĂ©s par la Torah, dont lâexemple de la Sotah.
Le cas du Nazir soulĂšve plusieurs interrogations. DâaprĂšs la Halakha le nazir ne peut boire de vin, de jus de raisin ni mĂȘme consommer des raisins. Lâinterdit du vin est comprĂ©hensible, mais quâen est-il du jus de raisin ou des fruits de la vigne, en quoi peuvent-ils provoquer un comportement nĂ©gatif, on ne peut se saouler avec du raisin ? En revanche, tous les alcools devraient lui ĂȘtre prohibĂ©s ce qui nâest pas le cas. Un Nazir peut boire de la biĂšre et mĂȘme du Whisky. Le Nazir a deux autres interdits, il ne peut se rendre impur Ă cause dâun mort, et ne peut pas se couper les cheveux. Son vĆu devra durer au minimum trente jours et au terme de cette pĂ©riode, il se rasera. Ses cheveux seront placĂ©s dans le feu, Ă lâendroit oĂč lâon brĂ»le les Korbanot au Beth Hamikdach.
Ă propos des interdits du Nazir, on comprend quâil sâĂ©loigne des raisons qui peuvent le pousser Ă fauter. Pourquoi lâempĂȘcher dâĂȘtre en contact avec les morts ? En effet, bien souvent la vision dâun mort et le deuil de façon gĂ©nĂ©rale poussent lâhomme Ă rĂ©flĂ©chir Ă la raison de sa venue dans ce monde, il comprend que lui aussi devra le quitter tĂŽt ou tard, et cela accroĂźt sa crainte du ciel. Si un homme veut se remettre en question, ce qui semble ĂȘtre le cas du Nazir qui fait une sorte de vĆu dâabstinence, il devrait justement se rendre dans une maison dâendeuillĂ©s. Pourquoi donc empĂȘcher tout contact avec les morts ?
Ă propos de Yossef (parachat Mikets) il est Ă©crit quâil Ă©tait dâune grande beautĂ©. Rachi prĂ©cise quâil se coiffait et soignait sa coupe de cheveux. Il avait de longs cheveux quâil peignait. Câest alors que D⊠dit, « tu es en train de te faire beau, Je vais tâenvoyer lâĂ©preuve du loup avec la femme de Potifar ». Il sâagissait dâune Ă©preuve de Arayot (relations interdites). Depuis quâil a quittĂ© son pĂšre, Yossef avait fait le vĆu de Nezirout. Or une longue et jolie chevelure embellit lâhomme. Encore une fois, si on dĂ©sire que le Nazir sâĂ©carte des tentations, pourquoi lui demander de se laisser pousser les cheveux ? « Jâai créé un mauvais penchant et la Torah en tant que remĂšde » Le Messilat Yecharim explique que tout homme naĂźt avec des mauvais traits de caractĂšre. La seule maniĂšre dâavancer et dâamĂ©liorer ses Midot, est dâĂ©tudier la Torah, elle affine le caractĂšre de lâhomme.
Un malade se rendra chez le meilleur des mĂ©decins et se devra dâĂ©couter sa prescription et de prendre les mĂ©dicaments indiquĂ©s, sinon il nâa aucune chance de guĂ©rison. On parle dâun homme qui a vu une Sotah dans la pire des situations, il a peur de succomber Ă son mauvais penchant, et dĂ©cide de sâĂ©loigner des causes de la faute. Or le remĂšde vient dâĂȘtre citĂ©, la seule solution face Ă la force du mauvais penchant est la Torah. Pourquoi ne pas conseiller au Nazir de sâasseoir et dâĂ©tudier. Existe-t-il un autre remĂšde au Yetser Ara ?
Les Pirkei Avot affirment « Ne te considĂšre pas comme un homme mauvais Ă tes yeux ». Ă qui sâadresse la Michna ? Il sâagit forcĂ©ment dâun homme qui a mal agi, car pourquoi sinon avoir une mauvaise image de soi ? On parle Ă un racha et on lui dit quant bien mĂȘme tu es un homme mauvais, ne te considĂšre pas de la sorte. Comment comprendre la Michna ? Doit-on se mentir Ă nous mĂȘme ? Le Rambam explique que câest une façon de prĂ©server lâhomme de la faute, Ă force de se voir comme un racha, plus rien ne lâeffraie. Puisquâil est dĂ©jĂ mauvais autant continuer Ă fauter, il nâa dĂ©sormais plus de limites. Lâhomme nâa plus rien Ă perdre, donc toutes les bĂȘtises du monde sont ouvertes, il peut fauter sans mauvaise conscience. Il ne sâagit pas de se mentir Ă soi-mĂȘme, mais dâavoir en tĂȘte quâon est et sera Ă jamais des fils de roi. Un juif doit toujours se considĂ©rer positivement, non pas par orgueil, mais pour Ă©viter de tomber encore davantage. On le voit au sujet des vĂȘtements, quelquâun habillĂ© de maniĂšre respectueuse avec un costume, un chapeau, une cravate nâosera pas se rendre dans des endroits mĂ©prisants, malfamĂ©s ⊠Lâhabit protĂšge lâhomme, lui donne un statut social, un sentiment de grandeur, tel est son intĂ©rĂȘt. En revanche, celui qui sâaccoutre de jeans ou de vĂȘtements dont le style est nĂ©gligĂ© ne pourra les utiliser comme protecteurs. Au contraire, ils lui donnent un sentiment de mĂ©pris, et puisquâil est mĂ©prisable tout est permis.
Que signifie que le Nazir a vu la Sotah dans sa dĂ©gradation, littĂ©ralement « bekilkoula » ? Le Rosh Yechiva de Slabodka, prĂ©cise que le Nazir nâa pas vu la Sotah fauter, il ne lâa pas vu mourir. Le Kohen doit la mĂ©priser, essayer de la perturber au maximum pour la forcer Ă avouer sa faute et quâon nâait pas besoin dâeffacer le nom de DâŠ. Le Nazir voit la honte quâon inflige Ă cette femme. MĂȘme dans le cas oĂč elle Ă©tait pure et quâelle a juste Ă©tĂ© soupçonnĂ©e, lâhomme doit faire le vĆu de Nezirout. En effet, peu importe finalement si elle a fautĂ© ou pas. Le problĂšme vient du fait dâavoir vu cette femme mĂ©prisĂ©e. Il a perdu la notion dâhonneur due Ă un ĂȘtre humain. Le but nâest pas de lâĂ©loigner des tentations, on a bien vu quâil peut boire du Whisky ou toute autre sorte dâalcool. On cherche ici Ă lui redonner lâhonneur qui sied Ă un ĂȘtre humain, sentiment amoindri par le mĂ©pris infligĂ© Ă la Sotah.

Si le Nazir et le Kohen Gadol voient un cadavre dĂ©laissĂ©, pour lequel ils ont lâobligation de se rendre impurs, personne dâautre ne pouvant lâenterrer (MĂšt Mitsva), la Guemara demande qui est prioritaire pour accomplir cette Mitsva ? On met le Nazir au mĂȘme niveau que le Kohen Gadol. Afin de rĂ©parer le manque de Kavod quâil a vu, on lui donne beaucoup de respect allant jusquâĂ le comparer au Kohen Gadol. Cependant, on ne peut lui donner tous ces honneurs sans effort de sa part, on lui demande donc de prononcer un vĆu et de prendre sur lui de ne pas consommer du vin pendant trente jours. Le Nazir vient du mot Nezer signifiant une couronne selon le Ibn Ezra. Toutes les lois qui lui sont propres tournent autour de cette idĂ©e, ne pas voir lâhomme dans une mauvaise position, on veut relever le kavod chez lui. On insiste sur le fait quâil est fils de roi. Il doit se laisser pousser les cheveux, or il est tellement saint que mĂȘme ses cheveux le sont. Une fois quâil les rasera, on les placera dans lâendroit le plus saint, lĂ on lâon brĂ»le les Korbanot. On lui montre lĂ oĂč un homme peut arriver. Le but du Nazir nâest pas de lutter contre le Yetser Ara, mais de remonter le kavod dâun homme.
Avant de recevoir la Torah, Hachem dit aux Benei IsraĂ«l, « vous ĂȘtes une assemblĂ©e de prĂȘtre et un peuple saint ». Lâintroduction Ă la Torah est dĂ©jĂ de renforcer ce sentiment en lui quâil est fils de roi, aprĂšs tu peux commencer Ă Ă©tudier et Ă respecter la Torah. Lorsque le Nazir voit la Sotah on ne lui dit pas va Ă©tudier, on travaille en amont, on cherche Ă renforcer son sentiment de grandeur.
On retrouve cette notion en Ă©ducation. La Guemara raconte que le fils de Rabbi Chimon Bar Yohai, Rabbi Elazar, mourut jeune et laissa un jeune adolescent orphelin. PrivĂ© dâun pĂšre pouvant le guider, il sortit petit Ă petit du chemin indiquĂ© par ses ancĂȘtres et commit des fautes. Un des TannaĂŻm voyant cela, ne put sâempĂȘcher dâagir, comment imaginer que le fils de Rabbi Elazar, petit-fils de Rabbi Chimon Bar YohaĂŻ pu se comporter de la sorte. Il se lia dâamitiĂ© avec le jeune homme et lâappela Rebbi, mon maĂźtre, il lui donna beaucoup de respect, le plaça Ă lâendroit oĂč les Rabbanim Ă©taient assis, insista pour lui prouver quâil nâĂ©tait pas nâimporte qui, mais un homme trĂšs respectable. Petit Ă petit, ce jeune enfant devint Rabbi Yossi ben rabbi Elazar et suivit la trace de ses remarquables aĂŻeuls.
Il est frĂ©quent de voir des dĂ©fauts chez nos propres enfants sans savoir dâoĂč ils viennent. On ne comprend pas pourquoi ils ne sont pas construits comme nous et pourquoi de mauvaises maniĂšres ou traits de caractĂšre sâinstallent. ExaspĂ©rants au dĂ©but, les parents ont tendance Ă devenir mĂ©prisants et une mauvaise relation sâinstalle. Il est fondamental de garder des liens forts basĂ©s sur le respect mutuel. Un ĂȘtre humain qui sent quâon le respecte est prĂȘt Ă faire des efforts et Ă sâamĂ©liorer. Plus un parent respecte profondĂ©ment son enfant, plus la relation est de qualitĂ©.
Rav MichaĂ«l GUEDJ – Roch Kollel Daat Chlomo Bnei Brak
                                              
                                              
                                              
                                              
                                              
                  
                  
                  
                  
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