« L’Éternel parla en ces termes à Moïse, dans le désert de Sinaï, dans la tente d’assignation, le premier jour du second mois de la deuxième année après leur sortie du pays d’Égypte: “Relevez/séou le nombre de têtes de toute la communauté des enfants d’Israël, selon leurs familles et leurs maisons paternelles, au moyen d’un recensement nominal de tous les mâles.Depuis l’âge de vingt ans et au-delà, tous les Israélites aptes au service, vous les dénombrerez/tafkidou selon leurs légions, toi et Aaron… »
Rachi nous explique que « c’est par amour qu’Hachem porte pour les Bneï Israël, qu’Il les compte à tout moment. Il les a comptés lorsqu’ils sont sortis d’égypte, et de nouveau après qu’ils déchurent par la faute du veau d’or afin de connaître le nombre de survivant (voir chémot 38;26), et encore une fois lorsqu’Il est venu faire résider Sa chékhina sur eux. »
Une question se pose sur le premier commentaire de Rachi lorsqu’il dit qu’Hachem « les compte à tout moment », or par la suite de son commentaire ne voyons-nous pas qu’il ne les a fait dénombrer qu’à certaines occasions ?
Le fait d’être compté attribue une importance à l’objet ou la personne dénombrée comme nous dit la Guémara (Beitsa 3b) « une chose qui est dénombrée ne peut s’annuler même parmi mille autres ».
Le Kéli Yakar souligne que l’expression employée pour exprimer le décompte des Bneï Israël est « Séou», qui se traduit aussi par « élever ». Ce choix de langage qu’emploie Hachem, exprime Son attachement aux Bneï Israël par rapport aux autres peuples. En effet ce n’est pas l’habitude d’un agriculteur de compter dans le détail ses bottes de foin qui sont constituées de milliers de brins de paille. Ainsi l’humanité qui est comparée à cette botte de foin n’est pas comptée dans le détails par son créateur. Cependant Hachem prend soin de compter tous les membres du peuple d’Israël, pour dire combien ils lui sont importants. Ce compte montre qu’il existe une Providence Divine qui s’exerce sur chaque membre du peuple d’Israël, ce qu’on appelle la Hachgahat Pratit. Concept exclusivement réservé aux Bneï Israël. Comme il est dit « Hachem dit à Moché, descend avertis le peuple…et il en tombera beaucoup » (Chémot19;21) . Rachi explique que même s’il devait en tomber qu’un seul, il compterait « beaucoup » pour Moi, fin des paroles du Kéli Yakar.
C’est pourquoi ce compte est bien plus qu’un simple dénombrement et c’est une élévation! Chaque juif est d’une extrême importance aux yeux du Tout-puissant. Ce décompte particulier des Bneï Israël viendrai répondre à tout celui qui se considère loin d’Hachem, et qui est incapable de s’en rapprocher.
Notre Paracha qui est lue chaque année avant la fête de Chavouot, fête du don de la Torah, vient sensibiliser chacun de nous. Hachem vient nous dire par ce décompte, que «toi» aussi tu es important, « toi » aussi tu as les capacités pour aborder l’étude de la Torah. Preuve en est de ce décompte où « les têtes de toute la communauté des enfants d’Israël » sont dénombrées, au même titre que Moché Rabénou et les Princes des Tribus d’Israël! Tout le monde à sa place, le droit et les compétences pour étudier.
Chavouot est la fête du Matane/don de la Torah, c’est aussi celle de la Kabala/réception de la Torah.
Lors de tout don, une personne expédie et une autre réceptionne. À Chavouot, Hakadoch Baroukh Hou est l’expéditeur : Il va nous donner à nouveau la Torah, au niveau individuel. Nous, nous serons les destinataires. Cependant, pour optimiser ce don, il nous faudra être prêt à devenir des réceptacles.
Dans la suite des versets la Torah emploi « vous les dénombrerez/tafkidou selon leurs légions, toi et Aaron… ». Ce terme « tafkidou/dénombrez »,à la même racine que le mot « tafkid », qui signifie un rôle, pour dire que chacun à un rôle très précis et indispensable. En effet le Mégualé Amoukot (§186) écrit que les 600 000 âmes des Bneï Israël sont comparées au nombre de lettres qui composent le séfer Torah. Il rajoute que le mot « ISRAËL » constitue les acronyme de « Yech Chichim Ribo Otiot Latorah » c’est-à-dire » il y a 600 000 lettres dans la Torah ».
Cependant dans nos dans un séfer torah on ne trouve que 304’805 lettres, soit environ deux fois moins que le nombre de Bneï Israël, comment accorder ces deux informations?
Les lettres dans le séfer Torah son constituées d’ assemblages de plusieurs lettres. Par exemple le Aleph est composé d’un “Vav” et de deux “Youd”, le khét est composé de deux zaïn, le hé est composé d’un dalet et un youd. Tandis que des lettres comme le Vav et le Youd comptent pour une lettre. On retrouve ce décompte à la fin du ‘Houmach Emek Davar qui d’après un calcul précis nous amène à 600.000 lettres et des poussières.
Le chiffre de 600,000 implique toutes les lettres qui sont imbriquées l’une dans l’autre. On comprend que chaque juif est indispensable l’un de l’autre, chacun est une pièce indispensable de la Torah d’Hachem.
Relevez/séou et dénombrerez/tafkidou, le choix de langage utilisé par la Torah pour recenser les Bneï Israël prend tout son sens, Hachem prend en compte chacun de nous.
Ainsi, le premier commentaire de Rachi sur cette paracha qui dit qu’Hachem « les compte à tout moment », bien qu’il ne les a dénombré qu’à certaines occasions, nous apprendre que sans cesse, à tout instant, chaque Juif a un rôle propre et spécifique devant son Créateur. Lorsque Hachem nous compte «par amour», c’est bien pour accorder Son importance à chaque Juif et souligner que dans tout l’univers, il est l’être doté du plus grand mérite d’accomplir la volonté divine.
Chabat Chalom
Rav Mordékhaï Bismuth
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