« Tout est entre les mains du Ciel » : le véritable croyant, celui qui ne cesse de voir la main d’Hachem dans chaque événement
«Envoie pour toi des hommes » (13, 2) Rachi explique : ”pour toi”, selon ton avis, Moi Je ne t’en donne pas l’ordre. Certains expliquent ce Rachi de la manière qui suit, après une petite introduction sur un verset des Téhilim (116, 10-11) : « J’ai cru que je parlerais, j’ai été très pauvre. J’ai dit en hâte tout dans l’homme est trompeur.» (verset du Hallel, n.d.t)
Tout homme a tendance par nature à s’attribuer le mérite de ses actions : il fait, il bâtit, il détruit, il réussit, etc. Mais en réalité, s’il vivait avec une foi parfaite qu’Hachem est à l’origine de toutes ses actions, il se rendrait à l’évidence que tout provient d’En-Haut.
C’est ce que vient nous enseigner ce verset en allusion : « J’ai cru que je parlerais » : celui qui vit dans une perspective où c’est le ‘je’ qui parle, où tout ce qui advient est orienté vers son ego parce qu’il croit que ”c’est moi qui ai fait, c’est l’œuvre de mes mains”, obtient comme résultat de son attitude : « j’ai été très pauvre ». Une telle personne est que tout provient du Ciel.
En revanche, le véritable croyant mentionne en permanence l’intervention Divine dans tous les évènements de son existence et seulement très rarement évoque en hâte le ‘je’ : « J’ai dit en hâte ». On ne peut réellement lui en tenir rigueur, car l’imperfection est humaine et
« tout dans l’homme est trompeur ».
C’est suivant cette ligne de pensée que l’on peut également expliquer le commentaire de Rachi sur les explorateurs : ‘Moi, Je ne te l’ordonne pas’. Allusivement, cela évoque qu’Hachem a dit à Moché : Je ne t’ordonne pas d’envoyer des gens qui revendiquent leur ‘Moi’. Car envoyer de tels émissaires dont toutes les paroles sont guidées par leur ego, peut avoir des conséquences fâcheuses et incalculables.
Et de fait, cette crainte se concrétisa finalement, puisque les explorateurs échouèrent dans leur mission par manque de confiance en Hachem. Ils pensèrent en effet, que la conquête de la Terre d’Israël dépendait de la force des hommes. Dès lors, ils furent saisis de crainte à la vue des géants qui occupaient le pays et ils communiquèrent leur propre peur aux Bné Israël en prétendant : « Nous ne pourrons pas aller à l’encontre de ce peuple car il est plus fort que nous (…). Nous avons vu là-bas des créatures gigantesques. (..) » (13, 31-33). Et par de tels propos, ils altérèrent leur Emouna. Si au contraire, ils avaient été convaincus que rien n’est dans les mains de l’homme et que tout dépend de la Volonté Divine ils n’auraient pas eu la moindre inquiétude et n’auraient jamais été effrayés de la sorte.
La Torah elle-même en témoigne dans la Paracha de Dévarim (lorsque Moché relate cet épisode, n.d.t) : « Je vous dis (alors) : ”Ne vous émouvez pas et ne craignez rien, Hachem votre D. marche à votre tête et Il combat pour vous !” » (1, 29-30) Est-ce que quelque chose peut empêcher D. d’amener la délivrance ? Les explorateurs qui effrayèrent les Bné Israël ne furent conduits à agir de la sorte que parce qu’ils mirent exagérément en avant leur ego.
Le Rachav de Loubavitch envoya une fois le Reitz, chez un certain juif pour lui venir en aide. Ce dernier se hâta d’accomplir l’ordre de son père : « J’ai accompli ton ordre, j’ai fait du bien à cette personne.
Tu te trompes doublement mon fils, lui répondit le Rachav. Premièrement, quand tu dis ‘j’ai accompli ta mission’, c’est faux. Ce n’est pas toi qui accomplis à chaque instant tout ce qui advient. Ta seule part dans cette Mitsva est d’avoir été choisi pour être Son émissaire, à savoir : il avait déjà été décrété que cette personne fût délivrée de son épreuve à cet instant. Et même sans ton intervention, elle aurait été sauvée car D. possède de nombreux émissaires à Sa disposition pour réaliser
Ses plans. Ensuite, lorsque tu as dit ”j’ai fait du bien à cet homme”, cela aussi est inexact, car au contraire, c’est lui qui t’a fait du bien comme nos Sages l’enseignent (Midrach Zouta Ruth 2,19) : ”le pauvre fait plus pour le maître de maison que le maître de maison fait pour le pauvre”.
On peut d’ailleurs ajouter à ce qui précède que celui qui se garde de vivre une existence tournée uniquement vers son ego, se rend de fait à l’évidence qu’il est dépendant de la Bonté Divine et que c’est elle qui le fait vivre à chaque instant. Lorsqu’il se trouve parfois confronté à des difficultés, il n’a dès lors aucune crainte de l’avenir car il sait que pour Hachem, qui est tout puissant, il n’y a aucune différence entre faire vivre des myriades d’êtres humains et sauver les Bné Israël des géants qui occupent la Terre Sainte. Seul celui qui vit en pensant être capable de pourvoir à ses besoins est saisi de terreur à la vue de ces créatures gigantesques. Car face à elles, même son ego si ”important” perd tous ses moyens.
Rabbi Elimélekh Biderman
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