« Voici les décrets… » Notre paracha de cette semaine marque une des bases du judaïsme : la Emouna. La réussite dans la vie dépend de notre niveau d’engagement dans la pratique de la Tora. La preuve, c’est que notre section commence par : « Si vous gardez Mes décrets alors… il y aura une pluie de bénédiction sur terre (approximativement). Mais si au grand jamais vous vous écartez des Mitsvoth et de l’étude de la Tora alors en contrepartie Hachem Se séparera de vous et vous serez livrés aux aléas de la vie (ndlr : qui sont très incertains ces derniers temps, n’est-ce pas ?). Et à écrire ces quelques lignes, cela me rappelle une anecdote sur un grand Tsadik qui nous a quitté il y a juste 8 ans : le rav Yoram Abergel zatsal de la ville de Netivoth (à quelques encablures de Gaza…). Lors d’un cours qu’il a donné à un groupe d’élèves (parmi lesquels des soldats), le rav a dit : « Vous savez qu’au loin il y a une barrière hyper sophistiquée qui nous sépare de Gaza… Sachez qu’elle ne vaut rien ! Ce n’est que Hachem Qui garde la frontière. S’il n’y pas Hachem alors il n’y a pas de barrière, ni barbelés ni surveillance électronique… Les gazaouis rentrent à pieds en Israël sans aucune inquiétude. Ce n’est que Hachem qui garde la frontière et tout cela dépend de notre Techouva. Si on fait Techouva, Hachem est présent sinon, rien n’y fera… » Fin de ces paroles presque prophétiques dites il y a au moins huit ans (bien avant le carnage du 7 octobre dernier). Le message est clair, même je dirais limpide : si nous sommes à la hauteur de notre mission sur terre alors Hachem nous protégera envers et contre tous. Sinon, c’est la grande débandade… Ces paroles ont été émises il y a quelques années en arrière mais sont, à bien réfléchir, la projection actuelle du message de notre paracha.
Elle vient nous apprendre que la vraie sécurité du peuple n’est assurée que si le peuple s’attelle à la pratique des Mitsvoth et de l’étude. En un mot, les orthodoxes ont raison et les libéraux ont tort !
Et si l’on examine de plus près les versets on s’apercevra que le début de toutes ces catastrophes commence par : » Et si vous ne m’écoutez pas et ne faites pas les Mitsvoth… » (ch. 26,14). Rachi explique qu’il s’agit (le manque d’écoute) d’un manque dans l’assiduité à l’étude de la Tora. Donc faire voter des lois (à la Knesset de Jérusalem) qui n’ont pour but que de débaucher les Ba’houré Yechivoth et les Avrékhim es bancs de l’étude, c’est le début de la catastrophe pour toute la nation juive. Que D’ nous garde.
Le Or Ha’haim explique ce verset par le manquement dans la pratique des Mitsvoth (« ne faites pas les Mitsvoth ») provient d’une brèche dans l’étude de la Tora. Tout celui qui ne va pas d’après Sa droiture (de la Tora) mais déambule à droite et à gauche c’est qu’il lui manque la connaissance du Créateur et de Ses bienfaits… Car si un homme pouvait atteindre une petite parcelle du bonheur et de la félicité de la connaissance de la lumière Supérieure qui provient du Service de Hachem alors toutes les réussites du monde n’auraient aucune importance face à la pratique d’une seule Mitsva (ndlr : dans les mots, le texte du Or Ha’haim et vraiment magnifique et sa traduction est difficile. J’invite mes lecteurs à ouvrir ce commentaire…).
Seulement le passage qui suit toutes les malédictions (dans notre paracha ch. 27) ce sont les évaluations (Ara’hin). En effet à l’époque du Temple lorsqu’un homme voulait consacrer une somme d’argent pour les besoins du Michkan il pouvait dire « Erki ‘alaï » c’est-à-dire « Je prends sur moi d’apporter ma valeur au Temple. En effet, la Tora donne la « valeur » de tout un chacun en fonction de son âge et s’il est homme ou femme. Par exemple un homme âgé entre 20 et 60 ans devait apporter 50 shékels (poids d’argent) aux Cohanim. Ce montant n’est pas lié avec la valeur marchande d’une personne (que mes lecteurs ne s’offusquent pas, mais il faut savoir qu’à l’époque antique il existait des marchés aux esclaves et leur prix dépendait de leur force de travail, santé etc. Or dans les « Er’hin » c’est fonction uniquement de l’âge.
Le Hozé miLoublin apprend de cette juxtaposition (les malédictions du début de la paracha et les Er’hin/Valeurs) que la Tora a craint qu’un individu en entendant toutes les remontrances ne viennent à tomber dans une profonde tristesse (détresse) et se dire qu’étant donné toutes les fautes que j’ai déjà faites, je ne vaux plus rien… C’est pourquoi la paracha nous apprend que chacun à une valeur intrinsèque octroyée par la Tora. Car l’amour que Hachem porte à chacun d’entre nous est comparable à l’amour d’un père vis-à-vis de son fils. Dans n’importe quelle condition Hachem nous désire et veut notre amélioration. Et même si nous sommes très loin, Hachem attend notre Techouva (autre approche, pour nous apprendre que chacun à une valeur vis-à-vis de Hachem qui n’est pas dépendant de sa réussite matérielle ou sociale. Pour Hachem, chacun à une place dans la communauté).
Je pense que ce message de la paracha est une excellente préparation à la fête de Chavou’oth. Rectifier sa trajectoire, prendre du temps dans sa semaine déjà surchargée pour un ou deux cours supplémentaires (et pour ceux qui n’ont pas de possibilités, qu’ils veillent à subvenir aux besoins d’un Avrekh pour l’année à venir).
Le sippour
Je vous propose une anecdote sur un des grands Roch Yechiva du Clall Israël, le rav Ye’hiel Michael Gordon זצל de la Yechiva de Lomzé en Lituanie. Durant toute sa vie il a multiplié l’étude de la Tora auprès de ses élèves. Et jusqu’à ses derniers jours il a renforcé les Ba’hourim dans la Tora et les Mitsvoth. Alors qu’il était déjà très malade dans les derniers jours de sa vie, un Ba’hour qui devait se marier le soir même est venu voir le Roch Yechiva pour recevoir sa bénédiction. Le rav s’interessa à la situation du futur ‘Hatan. Quand il entendit que son Talmid était très préoccupé par sa situation matérielle, le rav lui rapporta un verset : « Et seront tes premiers pas dans la difficulté mais ton futur sera très élevé » (Job 8,7). Le rav Gordon lui demanda pourquoi Hachem ne donne pas directement la grande bénédiction à l’homme depuis le début ? Pourquoi faut-il passer par une période difficile pour arriver finalement au bonheur ?
Le rav répondit, que c’est une NATURE que Hachem a ancré ainsi dans la Création. Le début DOIT passer par la difficulté car de cette manière Hachem amène la berakha. D’abord on commence petit, et on progresse pour accéder à de grandes choses ! Donc il tient à l’homme de ne pas perdre confiance en soi ni dans le Créateur car c’est la marche du monde. Le jeune marié quitta le rav, réconforté par ces paroles, une des dernières entrevues de ce grand homme. Et pour nous ce sera aussi une OUVERTURE à savoir que les débuts peuvent être durs mais finalement on arrivera à de grandes choses avec l’aide de D’ !
Coin Halakha :
En préparation à la fête de Chavou’oth (qui tombera le 12 et 13 juin prochains) nous commencerons des lois concernant Yom Tov.
Il existe un principe à connaitre : toutes les lois du Chabbath sont en vigueur le jour de Yom Tov. C’est-à-dire que de la même manière que l’on ne peut pas écrire (Kotev), construire (Boné), découper (Mé’hatekh) et même Mouksé à Chabbath, c’est pareil le jour de Yom Tov. Cependant il existe deux exceptions, les « travaux » qui sont liés à la nourriture (et le feu) et le port d’objet dans le domaine public. Dans ces deux cas à Yom Tov, il sera permis de cuire des aliments (alors que c’est interdit à Chabbatי) ou encore on aura le droit de porter des objets dans le domaine public (et pas Chabbath). Par conséquent, on pourra cuire des aliments que l’on consommera le jour de la fête (par contre on n’aura pas le droit de préparer durant le Yom Tov des plats pour les besoins de la semaine). Cependant il faudra veiller à préparer (depuis la veille) une flamme (de 48 heures en Gola) pour pouvoir allumer le gaz. Pareillement on pourra porter des objets le jour de Chavou’oth pour les besoins du jour lui-même (à l’exception d’objets qui n’ont aucune utilité). Choul’han ‘Aroukh 495.
Chabbath Chalom et à la semaine prochaine, si D’ le veut.
Rav David Gold
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