10 décembre 2024

Qui était Rabbi Chimon bar Yo’haï ?

Rabbi Chimon naquit près de 50 ans après la destruction du Second Temple. Son père était issu de la tribu de Yéhouda et faisait partie du cercle restreint des dirigeants spirituels de la génération. Jeune garçon, Rabbi Chimon étudia à la Yéchiva de Yavné fondée par Rabbi Yo’hanan ben Zakaï. Le principal maître de Rabbi Chimon fut le célèbre Rabbi Akiva qui le considérait comme son propre fils. Pendant les terribles persécutions commises sur l’ordre de l’Empereur romain Hadrien qui ferma les académies talmudiques et qui prohiba l’étude du Talmud, sous peine de mort, Rabbi Akiva continua à enseigner la Torah et son disciple dévoué, Rabi Chimon, resta à ses côtés jusqu’à l’arrestation de Rabbi Akiva. En ces temps difficiles en Erets Israël, la survie du judaïsme était en danger et Rabbi Yéhouda ben Bava prit l’initiative de délivrer la Semikha (l’ordination rabbinique) à cinq Sages afin que le peuple juif dispose de maîtres. Rabbi Chimon bar Yo’haï en faisait partie. Les soldats romains les repérèrent mais les ‘Hakhamim réussirent à fuir à l’exception de Rabbi Yéhouda Bar Bava qui fut arrêté et exécuté. Après la mort d’Hadrien, les décrets de ce dernier ne furent plus appliqués avec la même rigueur et les maîtres de la génération, à savoir, Rabbi Chimon bar Yo’haï, Rabbi Yéhouda et Rabbi Yossé Hagalili, profitèrent de cet « allégement » pour se réunir à Oucha afin de restaurer la vie religieuse des Juifs. La condamnation à mort de Rachbi Discutant de ce qu’il convenait de penser des « progrès » réalisés en Terre Sainte par la civilisation romaine, Rabbi Yéhouda fit l’éloge de leurs réalisations en matière d’urbanisme, Rabbi Yossé n’émit aucune opinion et Rabbi Chimon déclara son mépris des Romains,affirmant que toutes leurs belles réalisations avaient pour seul objectif, la recherche de leur propre confort et de leur propre intérêt. Yéhouda ben Guérim, un disciple de Rabbi Chimon, rapportales propos de son maître aux membres de sa famille et finalement, les Romains eurent vent de cette discussion. Suite à cela, l’administration romaine combla d’honneurs Rabbi Yéhouda qui avait parlé en sa faveur, ordonna d’exiler Rabbi Yossé et condamna à mort Rabbi Chimon pour avoir critiqué l’Empire Romain. Aussitôt, Rabbi Chimon prit la fuite avec son fils Elazar. Ils se cachèrent dans un Beth Hamidrach et tous les jours, l’épouse de Rabbi Chimon leur apportait à boire et à manger. Mais, les recherches s’intensifièrent et ils furent contraints de chercher une meilleure cachette : ils se retirèrent dans une grotte. A l’entrée de celle-ci, Hachem y fit pousser un caroubier et y fit jaillir une source d’eau. Pendant 12 ans, Rabbi Chimon bar Yo’haï et son fils restèrent dans cette grotte se nourrissant uniquement de caroubes et d’eau. Ils avaient pour seules activités, l’étude et la prière, si bien qu’ils devinrent les hommes les plus saints et les plus érudits de leur génération. Rabbi Chimon et Rabbi Elazar quittent la grotte
Au terme de 12 années, le prophète Elie apparut à eux pour leur annoncer que le gouvernement romain avait changé et que le décret à leur encontre avait été annulé. Rabbi Chimon et Rabbi Elazar sortirent de leur cachette et, en traversant un champ où un fermier juif labourait la terre, ils firent la remarque suivante; « Voilà les hommes qui abandonnent l’étude sacrée pour s’adonner à des activités matérielles » … A peine avaient-ils prononcé ces mots que tout le champ fut enveloppé d’un nuage de fumée et une voix céleste s’exclama : « Etes-vous venus pour détruire le monde ? Retournez à votre caverne ! » Ils retournèrent à nouveau à la grotte et y séjournèrent douze mois supplémentaires. Ils ne la quittèrent qu’après en avoir reçu l’ordre de cette même voix céleste. Cette fois-ci, leur attitude fut bien différente. Ils quittèrent la grotte, un vendredi après-midi et ils rencontrèrent un juif qui tenait en mains deux bottes de myrte et qui se dépêchait de regagner son domicile. Rabbi Chimon et son fils lui demandèrent ce qu’il allait en faire et il leur répondit qu’elles lui serviraient à décorer sa maison en l’honneur du Chabbat. « Mais pourquoi deux ? Une seule botte ne suffirait-elle pas ? », l’interrogèrent stupéfaits les deux Sages. Et l’homme de répondre : « l’une pour appliquer le précepte de Zakhor (« souviens-toi du Chabbat ») et l’autre, pour celui de Chamor (« garde le Chabbat »). Rabbi Chimon s’adressa alors à son fils et lui dit: « Regarde combien les préceptes d’Hachem sont chers à nos frères ! » Par le mérite de Rachbi Quelques temps plus tard, les persécutions anti-juives recommencèrent à sévir et les Romains interdirent aux Juifs de respecter certaines Mitsvot dont l’observance du Chabbat. Les Sages décidèrent d’envoyer une délégation à Rome et choisirent Rabbi Chimon pour lesaccompagner. Arrivés à Rome, ils apprirent que la fille de l’Empereur était atteinte d’une aliénation mentale que personne n’avait réussi à guérir. Rabbi Chimon se rendit au palais et demanda la permission de traiter la malade. Après quelques jours de traitement, la princesse était guérie ! Par reconnaissance à Rabbi Chimon, l’Empereur lui proposa de choisir l’objet le plus précieux du trésor romain. Rabbi Chimon n’hésita pas à demander, en contrepartie de ses services, l’annulation des décrets ordonnés à l’encontre des Juifs… c’est ainsi qu’il réussit à écarter le danger qui planait sur son peuple. Durant toute la vie de Rabbi Chimon bar Yo’haï, l’arc en ciel demeura invisible dans le ciel : le mérite de ce Tsadik protégeait le monde tout entier ! Le dernier jour de vie de Rachbi Le Zohar décrit le départ de ce monde de Rabbi Chimon bar Yo’haï. Ses élèves rapportent que durant toute cette journée, Rabbi Chimon a prophétisé et leur a révélé les secrets mystiques de la Torah. « Et voici de saintes paroles que je n’ai jamais révélées jusqu’à ce jour et que je voudrais révéler maintenant…Qu’on ne dise pas que j’ai quitté ce monde en ayant manqué quelque chose ». Rabbi Abba, l’un de ses élèves les plus proches, témoigne ensuite : « Et je n’ai pas levé ma tête car la lumière était si forte que je ne pouvais pas regarder… Tout au long de cette dernière journée de vie de Rabbi Chimon bar Yo’haï, le feu n’a pas cessé d’illuminer la maison du Tana et personne n’a pu s’en approcher car la lumière et le feu étaient autour de lui… ». C’est de là que la coutume de la Médoura tire sa source. Des premiers pèlerinages à Méron…Dans l’introduction au livre du Zohar, il est rapporté que Rabbi ‘Hiya Rabba, l’un des disciples de Rabbi Chimon bar Yo’haï s’est recueilli sur la tombe de son maître et ce qu’il a pu percevoir en ce lieu, est d’une dimension et d’une grandeur indescriptibles. Toujours à propos d’un élève du Rachbi, le Midrach (Kohélet Rabba 10,13) fait mention d’un élève de
Rabbi Chimon bar Yo’haï qui avait oublié ce qu’il avait appris.

Il s’était alors rendu sur la tombe de son maître pour prier et pleurer et mérita que Rabbi Chimon lui révèle les enseignements de Torah qui lui faisaient défaut. A l’époque des Richonim (1000-1500), de nombreux Juifs qui étaient montés en Israël et qui avaient inscrit sur papier la trajectoire de leurs voyages, font part de leur visite à Méron. C’est notamment le cas de Rabbi Yaakov bar Rav Nethanel Hacohen, Rabbi Chmouel ben Chimchone et du fidèle délégué du Tossafiste, Rabbi Yé’hiel de Paris, nommé Rabbi Yaakov. Il en est de même, quelques années plus tard, pour l’élève du Ramban qui est monté en Israël rendre visite au Ari Zal et qui n’a pas manqué de signaler son passage à Méron, pour prier sur la tombe de Rabbi Chimon bar Yo’haï et sur celle de son fils Rabbi Elazar. Dans la description de son voyage en Erets Israël effectué en 1521-1522, Rav Moché Basoula écrit dans son « Séfer Hamassaot » : « Je suis retourné à Méron avec les dix personnes qui formaient le Minyane régulier qui priait sur la tombe de Rachbi tous les mois… Et, le 15 Iyar, date correspondant au Pessa’h Chéni, plus de mille personnes se rendaient à Méron, de nombreuses familles accompagnées de leurs femmes et de leurs enfants venaient de Damassek mais la majorité des participants habitaient Tsfat… pendant deux jours et deux nuits, ils se réjouissaient et priaient sur toutes les tombes des Tsadikim de la région. » En outre, il est également rapporté que le Rav Moché Cordovéro se recueillait sur la tombe du Rachbi et immédiatement après la prière, il enchaînait sur son étude avec les élèves de son groupe. Le Ari Hakadoch aussi avait coutume de réunir ses élèves sur la tombe de Rachbi pour y étudier la Kabbale. … jusqu’à nos jours Si dans les temps plus anciens, c’étaient plutôt des êtres d’exception et kabbalistes qui pélerinaient sur la tombe du Rachbi, cette coutume s’est répandu au cours du 20eSiècle au sein des Juifs de tous milieux. En 1911, une terrible tragédie se produisit à Méron, le jour de Lag Baomer : la barrière qui encerclait le balcon où la Médoura avait été allumée s’effondra et causa la mort à 11 personnes et fit une quarantaine de blessés. Plusieurs hypothèses avaient été émises pour cibler les causes de l’accident. Les Rabbanim, quant à eux, avaient relevé qu’il fallait être plus vigilants dans le respect des règles de la Tsniout, tout particulièrement en ces lieux saints où l’on doit veiller à adopter une tenue et une attitude dignes de ce Makom Kadoch. Grâce à D.ieu, depuis plus d’un siècle, il n’y a pas eu d’autre accident. Année après année (à l’exception de 1948 et 1967), les festivités à Méron n’ont fait que s’intensifier et ne cessent d’attirer de plus en plus de monde. Puissions-nous préserver la sainteté de ce lieu et mériter d’être comblés de la bénédiction et de la protection de Rabbi Chimon bar Yo’haï ! Que ce Lag Baomer apporte à tout le peuple juif un flot de délivrances et de joies !

Source: haguesher.com