19 avril 2024

‘Houkat: La maladie d’Amour

« Alors Hachem suscita contre le peuple les serpents brûlants qui mordirent le peuple, et il périt une multitude d’israélites. Et le peuple s’adressa à Moché et ils dirent : “Nous avons péché en parlant contre Hachem et contre toi ; intercède auprès de Hachem, pour qu’Il détourne de nous ces serpents !” Et Moché intercéda en faveur du peuple. Hachem dit à Moché : “Fais toi-même un serpent et place-le en haut d’une perche : quiconque aura été mordu, qu’il le regarde et il vivra !” »  Bamidbar (21 ; 6-8)

Cet épisode vient nous dévoiler l’une des raisons et des causes de la maladie et de la souffrance. Pourquoi donc Hachem a-t-Il « besoin » de nous faire souffrir ?

Le Rav Mordekhaï Miller nous offre une parabole provenant d’un discours du Rav ‘Haïm de Vologin :

Un jour, un enfant avait contracté une maladie mortelle et il dormait sans discontinuer. Les médecins prévinrent le père que si on ne le sortait pas de sa léthargie d’une façon ou d’une autre, cela lui serait fatal.

Le père mit alors tout en œuvre pour sauver son fils : Il retira d’abord les coussins, l’enfant ouvrit un œil et se rendormit. Il l’allongea sur du bois à la place du matelas moelleux, mais ce fut sans effet… Il se résigna ensuite, après de nombreuses autres tentatives infructueuses, à l’allonger sur des clous, car seule une telle douleur pourrait le réveiller et le sauver de sa léthargie mortelle.

Aussi pénibles que soient les souffrances de l’enfant, qui peut imaginer la douleur du père ?

Malheureusement, il arrive que le peuple Juif ressemble à cet enfant, en s’endormant en tant que Juif et en n’accomplissant plus son rôle. Hachem lui apporte alors la preuve la plus éclatante de Son amour en essayant par tous les moyens de le réveiller.

Hachem nous envoie donc des maladies par amour, des souffrances par bonté, afin de nous réveiller, et de nous rapprocher de Lui. Ce sont donc, malgré les apparences, des preuves d’amour et d’intérêt pour nous.

Lorsque le serpent fit fauter Adam et ‘Hava, sa punition fut que, dorénavant, il ne se nourrirait que de poussière. A première vue on ne comprend pas la punition, au contraire semble-t-il, voilà plutôt une bénédiction, car il trouvera sa subsistance à tous les coins de rue avec une extrême facilité !

En réalité, il n’y a pas pire malédiction ! Car de cette façon, tous les contacts avec Hachem sont coupés. Le fait de le combler physiquement et matériellement fut un moyen de l’écarter définitivement de la face du Créateur. Il n’a plus de besoins, donc plus besoin de connexions avec le Ciel. Livré à lui-même, sans Guide et sans plus aucune possibilité d’œuvrer pour le Bien.

Tous nos besoins ne sont qu’un moyen et non pas un but. J’ai besoin de me nourrir, donc je vais étudier, chercher un travail et me nourrir.

Mais ce n’est pas le contraire : j’ai besoin de manger donc je fais les études les plus poussées qui existent, je cherche un travail le plus haut placé, je brigue la fonction la plus rémunératrice, et je ne passe ma vie qu’à cela, en oubliant femme, enfants, Torah, etc.

Il ne faut pas confondre le moyen et le but.

Nous devons nous nourrir pour avoir des forces afin de réaliser la Volonté du Créateur ! Et non pas réaliser la volonté de mon EGO ! Le but ultime et essentiel est de nous relier au Créateur du monde.

C’est de là que nous voyons le sens de la souffrance, tant qu’il y a des « bobos », des angoisses, voire pire ‘Hass véChalom, nous restons en contact avec Hachem. Elle est envoyée pour éveiller en nous le besoin de retourner vers D.ieu. Si nous sommes conscients que la maladie est envoyée par le Ciel afin de nous rapprocher de Lui, alors nous comprendrons que dans la salle d’attente du médecin, il sera de mise de profiter de cette attente pour lire quelques Téhilim, faire une introspection, et essayer de comprendre pourquoi nous sommes assis là en cet instant.

Aucun événement n’arrive pour rien, et si l’on doit attendre 6 mois un rendez-vous avec un grand professeur, c’est sans doute que 6 mois doivent être consacrés à la Téchouva. Plus l’attente ou le traitement sont longs, plus Hachem attend de nous quelque chose en retour…

A la fin de notre verset, nous lisons que  le peuple s’est tourné vers Moché afin qu’il intercède en sa faveur. A notre époque aussi nous rendons visite aux Guédolim pour obtenir leur berakha et recevoir ainsi de l’aide pour affronter les diverses épreuves de la vie. Et c’est une très bonne habitude, car grâce à leur puissante intelligence, leur objectivité, leur pureté, ils peuvent analyser les problèmes mieux que personne, en outre, leur mérites nous permettent de trouver grâce aux yeux du Créateur.

Pourtant, cela n’est pas suffisant. Comme Hachem a répondu à Moché : “Fais toi-même un serpent et place-le en haut d’une perche : quiconque aura été mordu, qu’il le regarde et il vivra !” »

Le fait de regarder ce serpent, nul ne pouvait le faire à la place du malade, et cet acte venant de lui et non d’un intermédiaire, témoignait de sa croyance parfaite dans les pouvoirs guérisseurs de Hachem, Seul D.ieu, Tout Puissant.

Hakadoch Baroukh Hou attend de nous un acte qui montre notre entière dévotion.

Le monde actuel cherche souvent à occulter cette vérité, mais nous devons garder à l’esprit que le Maître de l’univers, le Créateur du monde, est notre Père qui recherche notre amour et notre reconnaissance, afin de nous offrir la rédemption. AMEN !

Rav Mordékhai Bismuth