
Ăcoute IsraĂ«l, Hachem est notre D.ieu, Hachem est Un » (DĂ©varim 6 ; 4)
Porte drapeau de notre identitĂ©, et proclamation de l’unicitĂ© de D.ieu. Cette semaine, nous lirons la section la plus cĂ©lĂšbre et la mieux connue de chacun d’entre nous, celle que nous lisons Ă notre coucher et Ă notre lever, depuis notre tendre enfance et jusqu’Ă notre dernier souffle : « ChĂ©ma IsraĂ«l ».
AprĂšs avoir dĂ©clarĂ© que D.ieu est Un, la Torah nous dicte de quelle façon nous devons aimer notre CrĂ©ateur : « Tu aimeras Hachem ton Elokim, de tout ton cĆur et de toute ton Ăąme et de toutes tes ressources. » (DĂ©varim 6 ; 5)
La GuĂ©mara (BĂ©rakhot 54a) nous explique que « de tout ton cĆur » signifie avec nos deux Yetser, le Yetser Hara’ et le Yetser Hatov.
Par ailleurs, Rachi, sur ce verset, nous fait remarquer que le mot ŚŚŚŚ (ton cĆur) est Ă©crit avec deux « Beth » afin de reprĂ©senter les deux penchants.
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« De tout ton cĆur » signifie donc quâil nous faut unir ces deux penchants pour n’en faire qu’un, au service de Hachem.
Notre devoir sera de faire cohabiter, dans un mĂȘme corps, deux forces totalement diffĂ©rentes et opposĂ©es, avec un seul objectif en vue, l’amour de D.ieu. Il nous faudra diriger les forces du mal de telle sorte quâelles se trouvent au service du bien. Comment est-ce possible ?
Rav HaĂŻm Sofer raconte au sujet du Rav YĂ©âhĂ©zkiel Landau, plus connu sous le nom de Noda bi Yehouda, que lorsquâil sâest mariĂ©, il a reçu de la part de son beau-pĂšre, une bourse dâargent de 300 dinars pour aider le jeune couple Ă sâinstaller. Quelques jours plus tard, un notable ruinĂ© de la communautĂ© qui devait marier sa fille, et avait besoin pour cela de 300 dinars, se rendit chez le Noda bi Yehouda afin de solliciter son aide. Celui-ci accepta et sortit de son tiroir la bourse en question.
Il commença Ă compter ce quâil sâapprĂȘtait Ă lui donner. Un, deux, dix, cinquante⊠et comme cela jusqu’Ă 250, puis il s’arrĂȘta.
Le pĂšre de la mariĂ©e lui demanda pourquoi il sâĂ©tait soudainement arrĂȘtĂ© alors qu’il ne restait que 50 dinars afin de complĂ©ter la somme espĂ©rĂ©e, « pourquoi ne pas continuer et tout donner, afin de m’Ă©viter de chercher ailleurs ? »
Le Noda bi YĂ©houda lui rĂ©torqua quâil venait de traverser une grande Ă©preuve pour les dinars quâil avait donnĂ©s, car pour chacun dâentre eux le Yetser Hara’ lui avait dit : « YĂ©âhĂ©zkiel, mais non, ne fais pas ça ! » et encore : « YĂ©âhĂ©zkiel, toi aussi tu en as besoin ! », etc⊠Tant d’arguments aussi convaincants les uns que les autres, mais Baroukh Hachem, j’ai rĂ©ussi Ă prendre le dessus, jusqu’Ă ce que le Yetser Hara’ transforme ses arguments et dise : « Kol Hacavod YĂ©âhĂ©zkiel ! » ; « Quelle belle Mitsva tu fais YĂ©âhĂ©zkiel ! » ; « Quel grand Baal ‘Hessed tu es… ».
Voyant qu’il avait perdu la premiĂšre manche, le Yetser Hara’ avait optĂ© pour une autre tactique, il faisait en sorte que je m’enorgueillisse de cette Mitsva que jâĂ©tais en train dâaccomplir. J’ai donc prĂ©fĂ©rĂ© m’arrĂȘter lĂ , sinon la Mitsva aurait Ă©tĂ© gĂąchĂ©e par mon orgueil. »
Nous voyons au travers de ce rĂ©cit, que dans un premier temps, la bataille que dut mener le Noda bi YĂ©houda concernait lâacte de donner, et ensuite nous sommes pourtant toujours au cours dâune mĂȘme action accomplie par un mĂȘme homme, il dut lutter pour ne plus donner, sinon tout aurait Ă©tĂ© gĂąchĂ©.
Le travail du Yetser Hara’ est sans relĂąche, il s’adapte, et dĂ©couvre toujours notre point faible afin de nous faire tomber, mais ne nous attristons pas, câest grĂące Ă lui que nous possĂ©dons le libre arbitre !
Dans la GuĂ©mara (BĂ©rakhot 5a), il est dit : « Toute personne doit faire en sorte d’aiguiser et de mettre en colĂšre le Yetser Hatov contre le Yetser Hara’. »
Pour mieux comprendre cet enseignement, le âHafets âHaĂŻm nous offre cette parabole : Imaginons deux Ă©piceries l’une Ă cĂŽtĂ© de l’autre, les deux prĂ©sentent de belles marchandises. Dans un magasin, la clientĂšle afflue, tandis que dans le second ça se bouscule beaucoup moins, peut-ĂȘtre un client par ci et par lĂ …
VoilĂ qu’un jour, alors qu’un client rentre dans l’Ă©picerie dĂ©serte, le marchand d’Ă cĂŽtĂ© l’accoste et lui propose de rentrer dans sa boutique. Le marchand de la premiĂšre boutique se met alors en colĂšre contre le deuxiĂšme marchand en lui disant : « Vous avez des clients Ă longueur de journĂ©e, alors que chez moi ils sont trĂšs rares. Et lorsquâil sâen prĂ©sente un chez moi, vous me le prenez aussi, mais vous ĂȘtes vraiment sans gĂȘne ! »
Le âHafets âHaĂŻm nous dit que nous avons en nous une Ă©picerie qui s’appelle le Yetser Hatov et une autre qui s’appelle le Yetser Hara’. Chez le Yetser Hara’ les clients de tous types dĂ©filent sans cesse : Lachone Hara’, jalousie, vol, orgueil…, alors que chez le Yetser Hatov ils sont moins nombreux. Ainsi, lorsque se prĂ©sente Ă nous une Mitsva : un cours de Torah, un acte de gĂ©nĂ©rositĂ©… et que le Yetser Hara’ l’interpelle et lui propose de venir chez lui. A ce moment-lĂ , nous devrons mettre notre Yetser Hatov en colĂšre contre le Yetser Hara’.
La colĂšre nâest pas une belle qualitĂ©, et il faut sâen Ă©loigner autant que possible, sauf dans un tel cas oĂč elle pourra sauver le Tov/bon du Ra/mauvais. La colĂšre, c’est ce moment oĂč la personne sous son emprise nâest plus capable de rien Ă©couter, de rien voir, elle ne peut pas entendre raison, elle est emportĂ©e ! Et bien cet Ă©tat nâest positif quâau service du bien, et il ne faut en aucune façon chercher Ă calmer ou apaiser notre Yetser Hatov lorsquâil sâemporte contre le Yetser Hara’.
Le mal au service du bien, le bien contre le mal, savoir utiliser Ă chaque instant de la vie l’arme ou la technique la plus adĂ©quate pour sortir vainqueur du combat oĂč tous les coups sont permis et oĂč le GAME OVER est interdit. Un vĂ©ritable combat, puisque ces deux forces opposĂ©es cohabitent en nous, il sâagit de garder le bon cap : Guider le navire dans la seule direction des voies de Hachem.
Chabat Chalom
Rav Mordékhaï Bismuth
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