18 avril 2024

Parachat Choftim – L’élément essentiel

 « Des juges et des officiers tu te donneras dans toutes tes portes que Hachem ton Elokim te donne… » Dévarim (16 ; 18)

Le mois de Elloul est la période propice à la Téchouva.

En effet, à quelques semaines de Roch Hachana, chacun d’entre nous se doit de faire un bilan personnel sur ses actes et comportements passés, afin d’aborder la nouvelle année sur des bases meilleures. Évidement, la Téchouva se vit et s’applique au quotidien, et toute l’année ! Mais disons que Eloul est particulièrement propice, parce que nous approchons de notre Jugement.

C’est pour cela qu’il est conseillé de procéder méthodiquement, en passant en revue tous nos actes passés, et surtout, en gardant à l’esprit qu’il n’existe pas de Téchouva Grande Vitesse, car ce serait le meilleur moyen de dérailler.

Notre Paracha, qui se lit en cette période, nous offre une ligne de conduite pour mener à bien notre Téchouva. Elle s’adresse à chacun d’entre nous, du moins Tsadik au plus Tsadik, parce que la Téchouva, c’est le fait de vouloir être meilleur que ce que l’on était hier. Pour cela une introspection est nécessaire afin d’évaluer où nous en sommes. Ce qui nous permettra de gravir les échelons de l’amélioration personnelle et de bonifier notre Avodat Hachem.

Les premiers mots de notre Paracha nous procurent les consignes indispensables à la construction de notre Téchouva. En effet le verset nous dit : « Des juges et des officiers tu te donneras dans toutes tes portes que Hachem ton Elokim te donne… »

Rachi explique que les juges sont ceux qui fixent la loi et les officiers sont ceux qui la font appliquer, en employant divers moyens, voire la force si nécessaire.

Lors de notre introspection, nous devrons donc nous positionner en tant que juges et officiers pour nous-mêmes. Évidement nous ne fixons pas la loi, mais nous devons objectivement nous regarder pour estimer si nous l’appliquons comme il se doit. Discerner les bonnes actions des moins bonnes actions, et pour celui qui n’aurait que des bonnes actions, (si cela existe !), chercher à les accomplir d’une façon encore meilleure.

Pour parvenir à ce niveau de jugement de soi-même, un élément essentiel est à développer : notre « Yirat chamayim », la Crainte du Ciel. Et outre cela, savoir que plus cette crainte sera vraie et sincère, plus elle nous permettra de nous juger avec justesse et sévérité.

Si l’on sait et que l’on se rappelle régulièrement qu’il y a un regard constant sur nous, qui fait le compte de nos bonnes et mauvaises actions et détermine en fonction de cela, notre destinée, nos épreuves, notre parnassa, notre santé, notre temps de vie, notre monde futur, etc. Nous avons plus qu’intérêt à commencer à faire notre propre jugement pour avancer, et faire Téchouva avant de nous présenter à Lui.

C’est comme à l’école, au moment de la dictée, chaque faute d’orthographe fait descendre la note, le plus important est la relecture de notre copie, afin de nous assurer que l’on a appliqué toutes les règles de grammaire, avant de la remettre à l’instituteur.

Dans un second temps, après nous être jugés nous-mêmes, nous devons être des officiers pour appliquer les lois. Que cela signifie-t-il ?

Afin de mieux comprendre, prenons l’exemple suivant :

A la suite d’un nombre important d’accidents de la route, causés par des automobilistes au téléphone, le ministère des transports a décidé de promulguer une loi contre ce fléau, afin de réduire et de faire cesser le nombre d’accidents.

Une fois la loi votée, une campagne de publicité est mise en place au travers des différents médias pour en avertir la population. Quelques semaines passent, après un premier bilan, les chiffres n’ont pas bougé, et les automobilistes continuent à parler tout en conduisant.

Cette fois-ci, le ministre décide donc de sanctionner : celui qui transgressera la loi sera pénalisé d’une amende, se verra retirer des points, etc… Une nouvelle campagne est lancée, annonçant évidemment les sanctions qui seront administrées à celui qui enfreindra la loi.

Un deuxième bilan est alors effectué, et à la grande satisfaction de tous, les chiffres ont baissé, les sanctions annoncées ont eu un fort impact de dissuasion sur la conduite des automobilistes.

Encore une fois c’est donc la Yirat Chamayim qui va nous aider, nous dissuader de fauter. Si nous sommes vraiment conscients du risque que l’on encourt en n’appliquant pas les lois de Hachem, les sanctions que nous pourrons subir, dans ce monde-ci ou dans le Monde Futur, nous ne pourrons qu’être empreints de peur et notre conduite ne pourra que s’améliorer.

La Téchouva passe donc inévitablement par le développement de notre crainte de Hachem, qui nous permettra d’être juges et officiers de nos actes propres.

Revenons à présent à notre verset, qui nous explique comment ne pas faiblir et optimiser la Yirat chamayim que l’on a acquise : « Des juges et des officiers tu te donneras dans toutes tes portes que Hachem ton Elokim te donne… » (Dévarim 16 ; 18)

Quelles sont ces portes ?

Le Chla’ nous explique que ces portes sont au nombre de sept : deux yeux, deux oreilles, deux narines, une bouche.

Ce sont par ces portes que peut venir la faute, et c’est donc à ces endroits stratégiques qu’intervient la Téchouva, nous invitant à protéger nos « entrées-sorties ».

Préserver notre vue de mauvaises images, fermer nos oreilles et notre bouche au Lachone hara’…

Agir comme un officier pour nous-mêmes et établir des barrières comme trier nos lieux de sorties, nos amis… Nous rapprocher de Hakadosh Baroukh Hou en augmentant nos discussions avec Lui par la prière, nos rencontres avec la Chékhina par la fréquentation des lieux d’étude, etc…

Tels des officiers, comme dit Rachi, nous devons être capables d’employer tous les moyens. Même si les restrictions que nous nous imposons sont pénibles, ce que susurre notre Yetser Hara’, nous devons être forts, et agir comme si une gigantesque campagne publicitaire nous remémorait sans cesse les dangers de la faute, nous rappelant ce que nous avons à « perdre » et surtout à gagner en surmontant les épreuves.

Cette Téchouva doit être progressive mais constante, le but est d’avancer et non de tomber. Lorsque l’on reste trop longtemps immobile sur une échelle, on chute. Alors gravissons marche par marche, tout doucement mais sans nous arrêter.

Chabat Chalom

Rav Mordékhaï Bismuth